(English and Español bellow)

Le journal « La Planète Laboratoire » a été créé en 2007 à l’initiative de Ewen Chardronnet et du groupe d’artistes Bureau d’études qui en ont assumé ensemble la responsabilité éditoriale depuis lors.

Publication dépendant d’opportunités de financement, quatre numéros ont été publiés entre 2008 et 2011, avec des tirages mixtes de 5000 copies en langue française et 5000 en langue anglaise. Les anciens numéros sont librement téléchargeables sur ce site internet.

Le numéro 5, « Capitalisme Alien : xénopolitique de l’anthropocène », est publié le 12 avril 2016 à l’occasion du lancement de l’exposition en ligne « Futurs non-conformes. #1 Mythologies » sur l’Espace Virtuel du Jeu de Paume (Paris). Il a été co-produit par PING (Nantes), Le Jeu de Paume (Paris) et les contributeurs de la platetorme Goteo.

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La diffusion est par ailleurs effectuée par les réseaux de soutien ou lors d’évènements culturels ou militants ou encore d’interventions dans le cadre académique.

« Depuis la Seconde guerre mondiale, la planète se transforme progressivement en laboratoire à l’échelle 1. Le vieux modèle de «planète usine» a laissé la place au modèle de la «planète laboratoire».
Objets de ce laboratoire, pouvons-nous également en être les sujets ? Pouvons-nous nous réapproprier cette immense machine qui se développe aujourd’hui selon sa dynamique propre, devenue autonome ? Pouvons-nous réorienter le destin et les orientations de ce laboratoire ? »

D’UN MONDE DEVENANT « ALIEN »

Hypothèses de recherche sur la genèse et les fins du capitalisme
Depuis trois siècles, la planète s’est transformée, en usine d’abord, puis en laboratoire. Le journal la Planète laboratoire documente cette transformation. Avec un cinquième numéro cette année, une investigation collective ouvre des perspectives aventureuses sur les agents de cette transformation et les positions possibles que nous y occupons.
Le débat sur l’Anthropocène cherche à dater le moment ou l’espèce humaine ou une partie d’entre elle, est devenue l’agent d’une transformation majeure et irréversible de l’environnement terrestre. L’impossibilité de déclarer une unité du projet humain sur Terre invite à ouvrir la réflexion sur les agents réels de cette transformation. L’investigation poursuivie ici énonce la possibilité que cette transformation majeure est le produit d’une puissance, le « capitalisme alien », détruisant les ontologies mises en œuvre dans les différentes humanités présentes et passées de la Terre. Cette puissance reste encore largement hypothétique dans sa datation, son (ou ses) modes opératoires, et son ontologie requiert une investigation.
Une première hypothèse conjecture un capitalisme dont la dévastation de la Terre en vue de son abandon futur serait le symptôme « alien ».
Alien serait ici celui qui sortirait de son origine terrestre pour devenir autre, se donner d’autres corps, d’autres futurs, retrouvant ainsi, peut-être, d’autres origines que la prégnance de son berceau lui aurait fait occulter. Il serait issu de l’action d’une puissance qui au nom d’un destin cosmique de l’humanité en progrès, s’emploierait à redéfinir sinon à se libérer de la co-évolution terrestre des humains et des non-humains pour quitter la Terre et partir dans l’espace.
Le cosmisme russe a pu imaginer ce départ comme une continuation logique de l’évolution de l’humanité. Mais la bombe atomique s’est réservé la grâce de nous rappeler que seuls les élus y pourraient accéder, laissant le bioprolétariat post-nucléaire enfermé sur une Terre dévastée.
Ce scénario opposant le commun terrestre à l’élite cosmique, les Terriens et les Artilects, les humains à leurs successeurs transhumains, les 1% aux 99%, peut cependant être inversé : l’horizon utopique d’un prolétariat désaliéné, n’est-il pas un devenir non terrestre, un devenir autre ? N’exige-t-il pas un abandon de la Terre ? L’utopie n’est-elle pas désormais déportée dans l’espace, hors d’une Terre assassinée et contrôlée par les forces chthoniennes du capitalisme ? Et n’est-ce pas là le moyen ultime pour l’homme de renouer avec son origine stellaire ? Le qualificatif d’alien est ici fonction du point de centrement choisi : le capitalisme est « alien » en ce qu’il renie sa filiation terrestre qu’il utilise comme simple moyen au service de ses fins cosmiques. L’humain est « alien » en ce qu’il se désolidarise d’une Terre dévastée pour conserver un horizon utopique. Non alien serait donc ici ceux qui opère un ré-enracinement tragique, un retour sur Terre, se déliant de l’épopée alien.
Une seconde hypothèse renvoie aux racines aliens de la Terre elle-même qui, loin de s’appartenir à elle-même, participe en elle-même d’une économie cosmique qui, par des bombardements d’astéroïdes, l’a chargé en or, eau, métaux rares, virus,… acteurs de son évolution, de sa transformation, la fertilisant pour en faire émerger des ressources biologiques, etc. La Terre serait ainsi un lieu d’acclimatation et de socialisation, un devenir-terrien de composants, d’entités aliens. La Terre peut apparaître ici comme un lieu pirate agrégeant des trésors par accumulation d’accidents, posant la société terrestre comme une société de naufragés, fabriquant de façon volontaire ou involontaire, le devenir de leur île.
L’éventuelle design d’un processus si complexe et multi-agents, peut également inviter à envisager en dernier ressort, des gestionnaires extra-terrestres, monitorant le devenir de la planète et de ses habitants. Le destin des êtres qui croissent sur la Terre dépendraient alors étroitement d’une grande économie cosmique, d’une classe de gestionnaires, dont ils seraient, pour tous ou pour partie, les ouvriers involontaires. L’alien, ici, est la puissance agissante du capitalisme sur Terre, le visage fantastique d’une nouvelle classe de contrôle. Il n’est pas la fausse monnaie de l’humanité, sa mauvaise copie anthropomorphe. Non pas simplement un régulateur mais un système de contrôle, une classe de contrôle imperceptible agissant de façon, non pas dissimulée, mais simplement non encore intelligible.
Dans une version naïve que l’on trouve dans les scénarios de série B décrivant des extraterrestres qui se déguisent en humains pour agir sur eux ou s’en nourrir, la Terre ou ses habitants, sont occupés voire contrôlés par des entités aliens souvent présentées habillées d’un vêtement anthropomorphe. Mais, sous ce vêtement, de qui l’alien est-il le nom ? L’enquête pourrait conduire à établir une taxonomie d’entités (entités technologiques, algorithmes. Entités venues du futur ou du passé, non-terrestres, êtres immatériels, forces inconscientes, non humaines, etc.) agissant sur Terre et par la Terre, s’en nourrissant, selon des finalités qui restent à élucider…
Une troisième hypothèse met en question un triple privilège : privilège de l’humain sur les autres espèces, terrestres ou non (spécisme), privilège de la Terre sur les autres environnements cosmiques (terracentrisme), privilège des organismes vivants sur les autres non carbonés (biocentrisme). Sur la base de ces mises en question se forme notamment un post-humanisme, un devenir-alien de l’humain basé sur une pluralité d’agents intelligents, disposant de critères moraux libérés des limites du canon humaniste, voire du canon terracentriste ou biocentriste. Ce post-humanisme susciterait la construction de nouvelles formes de communauté éthique, de nouveaux assemblages fonctionnels et l’expérimentation de nouveaux modes d’être qui, en tant que non humains, peuvent être qualifiés d’alien. Le capitalisme alien est ici la puissance de décentrement, de déterritorialisation elle-même qui suscite une crise radicale des catégories. Car l’absence d’ontologie fixe du capitalisme alien induit une ingénierie et un bricolage général des agents (corps, âmes, matière, … pour prendre les catégories de la vieille métaphysique), l’acceptation d’un statut xeno de l’existant qui, sans cadre fixe et sans propriétés morales, peut être construit, reconstruit, transformé ou recomposé. Le posthumain non-alien, contestant cette chaotisation capitaliste tout en sortant du canon humaniste, refonde un être terrestre sur la base d’une inter-subjectivité assumée des agents terrestres, élargie à leur environnement cosmique.
Une quatrième hypothèse fait du capitalisme alien un méta-discours, un champ d’abstractions en surplomb du réel, ayant effet d’autorité. Répertoriant les ressources depuis les lieux abstraits des laboratoires (le marché étant un certain genre de laboratoire), énonçant leurs fonctions respectives dans un même grand système, ce méta-discours raconte la planète devenue capital, mise au travail, c’est-à-dire rendue étrangère à elle-même, gérée comme une entreprise innovante. De cette machine discursive étayée sur des simulations, des narrations technocratiques, des constructions convaincantes de faits, sont issus des dispositifs de capture et des espaces projectifs qui orientent nos actions, canalisent nos désirs, contrôlent les corps, légitiment les réglementations, pilotent les mutations industrielles, gouvernent scientifiquement la cognition de masse ou les subvertissent. Outil stratégique, instituant les propriétés des choses, le capitalisme alien sert ici de méthode de calibrage du réel. Un champ d’abstraction scientifique et technocratique en définit les modes, par exemple la géo-ingénierie, transformant malgré nous l’organisation de la Terre pour résoudre les problèmes causés par le réchauffement climatique. Car l’épistémologie alien est celle qui procède à l’exclusion pure et simple de tout anthropomorphisme comme condition supposée de toute rigueur scientifique.
Quel est le but de ces investigations dans le capitalisme alien ? Il est d’abord, et en premier lieu, d’ouvrir l’espace imaginaire de la Grande transformation. De la planète usine, avec son cortège de destructions et dérèglements écologiques, à la planète laboratoire qui entend, par l’ingénierie, y substituer un gestion rationnelle et planifiée des ressources, quels sont les modes de décentrement capables de nous libérer de cadrages du monde qui ne nous rassurent même plus ? Qui nous transforme même en « bruit », en résidu improductif qui pourrait bien être détruit s’il ne peut être inséré dans la mise au travail généralisée du réel propre au monde capitaliste ?

Le capitalisme alien est la saisie d’un trauma qui prend la figure d’une étrangeté. Le monde est inconnu à nouveau, terrifiant peut-être. Une nouvelle classe ontologique (les automates), que nous ne pourrons peut-être pas domestiquer par l’adaptation de nos vieux mythes, font surgir sur la Terre un nouveau monde.
Le capitalisme alien, c’est d’abord l’étrangeté de ce monde. Mais c’est aussi cette étrangeté née d’une crise radicale du confort moderne où l’homme occidental croyait encore savoir quelle était sa place dans le monde, et sa relation aux autres êtres. Des entités multiples surgissent et agissent, que l’humanisme abstrait avait su jusqu’alors ranger en dehors de son champ de vision. Des systèmes de coordonnées se font jour aussi. Et le ciel s’est enfin largement ouvert, noir océan d’infinitude se remplissant de mondes à l’infini.

 

PRÉCÉDENTS NUMÉROS

Numéro 1 • Pourquoi travaillons nous à notre obsolescence ? (2007)

Textes de l’Observatoire de l’évolution, Ange Valderas, Michel Tibon-Cornillot, Alioune Diop, Sophie Gosselin &David Guignebert, Konrad Becker, Xavier Inizan, Ewen Chardronnet, Bureau d’études.

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Numéro 2 • Il n’est nul besoin d’espérer pour entreprendre (2008)

Textes de Bureau d’études, Brian Holmes, Konrad Becker, Nicolas Bonnet, Yves Edel et Lionel Sayag, Michel Tibon-Cornillot, Grégoire Charbey, Ewen Chardronnet

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Numéro 3 • La planète laboratoire ou la phase terminale du nihilisme (2009)

Textes de Bureau d’études, William Engdhal, Michel Tibon-Cornillot, Ewen Chardronnet, Jean segont I, Jean- François Tabardin

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Numéro 4 • La conquète de la Terre par les ordinateurs (2011)

Textes de Jean-Baptiste Labrune, James Becht, Célia Izoard, Chris Chesher, Bureau d’études, Konrad Becker, Ewen Chardronnet

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Numéro 5 • Capitalisme alien : xénopolitique de l’anthropocène (2016)

Textes de Bureau d’études, Keith A. Spencer, Špela Petric, Ewen Chardronnet, Aliens in Green, Donna Haraway, Helen Hester, Émilie Notéris, Konrad Becker, Pablo de Soto, Eugene Thacker, Alejandra Pérez Núñez, Matteo Pasquinelli, Deborah Danowski & Eduardo Viveiros de Castro

LE CAPITALISME ALIEN

Planète laboratoire ou planète capturée, mise au travail, dénaturée, reconstruite par des aliens ? De qui ou de quoi le capitalisme est-il alors le nom  ? De quelle entreprise coloniale inconsciente ? Dans le fond, nous ne savons peut-être pas encore…

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ENGLISH

The newspaper « The Laboratory Planet » was created in 2007 at the initiative of Ewen Chardronnet and the group of artists Bureau d’études who assumed overall editorial responsibility since.

Publication dependent on funding opportunities, four issues have been published between 2008 and 2011, with mixed prints 5,000 copies in French and 5,000 in English.

The Issue 5 : « Alien Capitalism: Xenopolitics of the Anthropocene » was published on February 4, 2016, for Transmediale in Berlin. It was co-produced by PING (Nantes), Jeu de Paume (Paris) and the crowdfunders of Goteo platform.

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The dissemination was carried out by support networks or at activist or cultural events or interventions in academic contexts.

« Since World War, the planet is gradually transformed into a scale 1 laboratory. The old model of « world factory » has given way to the model of the « world laboratory ».
Objects of this laboratory, can we also be the subjects? Can we reclaim this huge machine that became autonomous and is now developing according to its own dynamic? Can we redirect the fate and direction of this laboratory? »

Issue 5 : Of a World Becoming Alien

The Anthropocene debate aims to define the moment when human species, or part of it, started to become a significant driving force of major and irreversible transformation of the terrestrial environment. As we can hardly manage to form an united human project on earth, we might as well consider that the real actors of this transformation may not be humans, which leads us to wonder who the trouble makers might be. We will consider that this major transformation is due to alien agents, leaving the perceptions one might have of this term as open as possible.

Laboratory planet or captured planet, put to work, denatured, rebuilt by aliens? From who or what capitalism is then the name? What is this unconscious colonial enterprise? Basically, we may not know yet…

This is from this non-knowing that we have decided to open an exploratory research around the alien capitalism. Not yet marked research, tangled, complex, the journal will aim to provide beacons, lights, fragments of analysis.

• The First hypothesis speculates about a capitalism which sets its sights on devastating the Earth with the prospect of its future desertion, which would be the symptom for the « alien ». The alien here, would be the one who leave his terrestrial origins to become other, to give themselves other bodies, other futures, finding, perhaps, other origins that the salience of their cradle would have hidden. They would come into being from a powerful action for the sake of the cosmic destiny of humanity in progress, they would strive to redefine or even free themselves from the earthbound co-evolution of humans and non-humans, leave Earth behind for outer space. Humans here are « aliens » as they break away from the devastated planet and maintain an utopian outlook.

In contrast, a non-alien would be operating a tragic re-rooting, a return to earth, disconnecting himself from the epic story of the escapist alien agenda.

• The Second hypothesis refers to Planet earth’s own alien roots. Earth, far from belonging to itself, has participated in a cosmic economy, which by the falling of asteroids loaded the planet with gold, water, precious metals, viruses,… active elements of its evolution and transformation, fertilising it and so that organic resources emerge. Earth would then be a place of socialisation and acclimatisation, a becoming-earthling of alien entities and components. In this way, Earth could appear as a pirate spot where treasures are gathered by the accumulation of accidents, positioning terrestrial society as a community of shipwrecked sailors, building – either voluntary or involuntary – the future of their island.

• The Third hypothesis questions a triple privilege : the privilege of humans over another species – terrestrial or not – (speciesism), the privilege of Earth over other cosmic environments (earth-centrism), the privilege of living organisms over other carbon-free living organisms (biocentrism). From these questions, a post-humanism comes into form, a becoming-alien of humans based on a plurality of intelligent agents, having moral criteria freed from the limits of the humanistic canon or even from terrestrial and biocentric canons. This post-humanism would stimulate the development of new forms of community ethics, new functional assemblies, and the experimentation of new processes of being which, as non-humans, could be defined as alien.

• The Forth hypothesis turns alien capitalism into a meta-discourse, a field of abstraction looming over what is real, with a strong effect of authority. Inventories of ressources in the abstract places of laboratories (the stock market is a sort of laboratory), setting out their respective roles in the same grand system, this meta-discource tells of the planet that has become capital; put to work, that is to say rendered foreign even to itself, managed like an innovative enterprise. Supported by simulations, technocratic narratives, convincing reconstructions of events, this discursive machine is rooted by the appliances of capturing and projecting spaces that orientate our actions, focus our desires, control bodies, legitimise regulations, drive industrial mutations, scientifically govern or subvert mass cognition.

Who is who’s alien ? …a political question

Let’s speculate about passports being made and issued to alien entities. Would they only be issued by the little green men that Men in Black are taking care of? Wouldn’t they also be useful to the « unidentified migrants » and sans-papiers who spread over Europe just like UFO’s? The field of questions opened by the notion of alien also opens the question of the limits of political institutions, and what Hannah Arendt called non-humans; having no status, and therefore no rights. Gathered together at the border, from now are economical migrants, political refugees, climate refugees, cosmic refugees, interstellar castaways and inter-dimensional survivors.

Issue 1 • Why are we working to our own obsolescence? (2008)
Texts by Observatoire de l’évolution, Ange Valderas, Michel Tibon-Cornillot, Alioune Diop, Sophie Gosselin &David Guignebert, Konrad Becker, Ewen Chardronnet, Xavier Inizan, Bureau d’études

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Issue 2 • Hope is not needed to act (2008)
Texts by Bureau d’études, Brian Holmes, Konrad Becker, Nicolas Bonnet, Yves Edel and Lionel Sayag, Michel Tibon-Cornillot, Grégoire Charbey, Ewen Chardronnet

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Issue 3 • The laboratory planet or the terminal phase of nihilism (2009)
Texts by Bureau d’études, William Engdhal, Michel Tibon-Cornillot, Ewen Chardronnet, Jean segont I, Jean- François Tabardin

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Issue 4 • The conquest of Earth by the computers (2011)
Texts by Jean-Baptiste Labrune, James Becht, Célia Izoard, Chris Chesher, Bureau d’études, Konrad Becker, Ewen Chardronnet

(no english version)

Issue 5 • Alien Capitalism : xenopolitics of the anthropocene (2016)

Texts by Bureau d’études, Keith A. Spencer, Spela Petric, Ewen Chardronnet, Aliens in Green, Donna Haraway, Helen Hester, Émilie Notéris, Konrad Becker, Pablo de Soto, Eugene Thacker, Alejandra Pérez Núñez, Matteo Pasquinelli, Deborah Danowski & Eduardo Viveiros de Castro

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ESPAÑOL

El periódico “El Planeta Laboratorio” fue creado en 2007 por iniciativa de Ewen Chardronnet y el grupo de artistas Bureau d’études que, desde entonces, han asumido conjuntamente la responsabilidad editorial de la publicación.

Respondiendo a diferentes oportunidades de financiación, hasta hoy  han sido publicado 4 números, en 2007, 2008, 2009 y 2011, con tiradas de 5000 copias en francés y 5000 en inglés.

Descargar numero 5

« Desde la Segunda Guerra Mundial, el planeta se ha convertido progresivamente en un laboratorio a escala 1. El viejo modelo del “planeta-fábrica” ha sido sustituido por el modelo del “planeta-laboratorio.

Somos objetos de este laboratorio, pero ¿podemos ser también sus sujetos? ¿Podemos re-apropiarnos de esta inmensa máquina que hoy avanza sometida a su propia lógica, como una máquina autónoma? ¿Podemos re-orientar el destino de este laboratorio?  »

Contenido de los números anteriores:

Número 1 • ¿Por qué trabajamos para nuestra propia obsolescencia? (2007).

Textos de Observatoire de l’évolution, Ange Valderas, Michel Tibon-Cornillot, Alioune Diop, Sophie Gosselin &David Guignebert, Konrad Becker, Xavier Inizan, Ewen Chardronnet, Bureau d’études.

Número 2 • No hay necesidad de esperar para emprender (2008)

Textos de Bureau d’études, Brian Holmes, Konrad Becker, Nicolas Bonnet, Yves Edel et Lionel Sayag, Michel Tibon-Cornillot, Grégoire Charbey, Ewen Chardronnet.

Número 3 • El planeta laboratorio o la fase terminal del nihilismo (2009)

Textos de Bureau d’études, William Engdhal, Michel Tibon-Cornillot, Ewen Chardronnet, Jean segont I, Jean- François Tabardin

Número 4 • La conquista de la Tierra por los ordenadores (2011)

Textos de Jean-Baptiste Labrune, James Becht, Célia Izoard, Chris Chesher, Bureau d’études, Konrad Becker, Ewen Chardronnet

Hacia el Numero 5: El Capitalismo Alien

¿Planeta laboratorio o planeta capturado, puesto a trabajar, desnaturalizado, reconstruído por los alienígenas ? ¿A quién o a qué nombra entonces el capitalismo? ¿A qué inconsciente empresa colonial? En el fondo, tal vez no lo sepamos todavía…

Desde el fondo de ese no-saber, hemos decidido empezar a explorar el capitalismo alien. Desde ese espacio en obras, aún no señalizado, enmarañado, complejo, el periódico se propone aportar algunas señalizaciones, iluminaciones, fragmentos de análisis.

Redactado, a diferencia de los anteriores, de forma colaborativa, este número 5 combina artículos o piezas escritas a varias manos junto con investigaciones de autores individuales. Será difundido con el objetivo de ofrecer una mirada distinta sobre la catástrofe en curso.

Desde hace tres siglos, el planeta se ha transformado, primero en fábrica y luego en laboratorio. El periódico El Planeta Laboratorio documenta esta transformación. Este año, con un quinto numero, una investigación colectiva toma el riesgo de abrir nuevas perspectivas sobre los agentes de esta transformación y las posibles posiciones que ocupamos en su seno.

El debate sobre el Antropoceno busca situar el momento en el que la especie humana, o una parte de ella, se convirtió en agente de transformación fundamental e irreversible del medio ambiente terrestre. La imposibilidad de declarar la unidad del proyecto humano sobre la Tierra nos invita a reflexionar sobre los agentes reales de esta transformación. Esta investigación plantea la posibilidad de que esta gran transformación sea el resultado de una fuerza, el “capitalismo alien” que destruye las ontologías creadas por las diferentes formas de vida humana, presentes y pasadas, sobre la faz de la Tierra. Esta fuerza sigue siendo en gran medida hipotética, por lo que requiere ser investigada en cuanto a su datación, sus modos de operación y su ontología.

Una primera hipótesis sugiere un capitalismo cuyo síntoma « alien » sería la devastación de la Tierra para su abandono futuro.

En este caso « alien » sería aquel que saldría de su origen terrestre para convertirse en otro, darse otros cuerpos, otros futuros; tal vez encontrando así otros orígenes posibles que, de permanecer en su lugar de nacimiento, no habría descubierto. Alien vendría de la acción de una energía que, en el nombre de un destino cósmico de la humanidad en progreso, trabajaría para redefinirse o liberarse de la co-evolución terrestre de los humanos y los no-humanos y abandonar así la Tierra rumbo al espacio.

El ser humano aparece aquí como “alien” en la medida en que se des-solidariza de una Tierra devastada a cambio de conservar un horizonte utópico. « No-alien », por el contrario, serían quienes operan un desarraigamiento trágico, un regreso a la Tierra, desvinculándose de la epopeya alienígena.

Una segunda hipótesis remite a los orígenes alienígenas de la propia Tierra que, lejos de pertenecerse a sí misma, participa de una economía cósmica que, con los bombardeos de asteroides, la ha colmado de oro, agua, metales, virus… agentes de su evolución y transformación, fertilizándola y dotándola de recursos biológicos. La Tierra sería entonces un lugar de aclimatación y socialización, un devenir-terrestre de compuestos, de entidades alienígenas. La Tierra aparece aquí como un lugar pirata que incorpora tesoros por acumulación de accidentes, que muestra a la sociedad terrestre como una sociedad de náufragos que fabrican, de forma voluntaria o involuntaria, el porvenir de su isla.

Una tercera hipótesis cuestiona un triple privilegio: el privilegio del humano sobre las otras especies, terrestres o no (especismo), el privilegio de la Tierra sobre los otros entornos cósmicos (terracentrismo) y el privilegio de los organismos vivos sobre los otros no-carbónicos (biocentrismo). Sobre la base de estos cuestionamientos toma forma un post-humanismo, un devenir-alien del humano sustentado en una pluralidad de agentes inteligentes con criterios morales liberados del cánon humanista, incluso del canon terracéntrico o biocéntrico. Este post-humanismo provocaría la construcción de nuevas formas de comunidad ética, nuevos ensamblajes funcionales y la experimentación de nuevos modos de ser que, en tanto que no-humanos, pueden ser calificados de alienígenas.

Una cuarta hipótesis hace del capitalismo alien un meta-discurso, un campo de abstracciones que sobrevuelan lo real, en posición de autoridad. Inventariando los recursos desde los lugares abstractos de los laboratorios (siendo el mercado un tipo de laboratorio), enunciando sus respectivas funciones en un mismo gran sistema, este meta-discurso narra el planeta convertido en capital, puesto a trabajar, es decir transformado en un extraño hacia sí mismo, gestionado como una empresa innovadora. Desde esta máquina discursiva sostenida por simulaciones, narraciones tecnocráticas, convincentes construcciones de hechos, surgen dispositivos de captura y espacios proyectivos que orientan nuestras acciones, canalizan nuestros deseos, controlan los cuerpos, legitiman las reglamentaciones, dirigen las mutaciones industriales, gobiernan científicamente la cognición de masa o la subvierte.

Herramienta estratégica que instituye las propiedades de las cosas, el capitalismo alien sirve aquí de método para calibrar lo real. Un campo de abstracción científica y tecnocrática define sus modos, por ejemplo la geo-ingeniería, transformando a nuestro pesar la organización de la Tierra para resolver los problemas provocados por el cambio climático. Porque la epistemología alien es aquella que procede a la exclusión pura y simple de todo antropomorfismo como condición supuesta de cualquier forma de rigor científico.

¿Cuál es el objetivo de estas investigaciones en el capitalismo alien? Ante todo, el de abrir el espacio imaginario de la Gran Transformación. De planeta-fábrica, con su cortejo de destrucciones y desarreglos ecológicos, a planeta-laboratorio que busca, mediante la ingeniería, sustituirlos por una gestión racional y planificada de los recursos, ¿cuáles son los modos de desplazamiento capaces de liberarnos de esas ideas del mundo que ya no nos reconfortan? Que nos convierten incluso en « ruido », en residuo improductivo que bien podría ser destruido si no se inserta en esa cadena de montaje de lo real propia del mundo capitalista?

El capitalismo alien es la captura de un trauma que toma la rostro de una extrañeza. El mundo se vuelve de nuevo desconocido, tal vez incluso terrorífico. Una nueva clase ontológica (los autómatas), que tal vez no podamos domesticar adaptando nuestros viejos mitos, hace surgir sobre la Tierra un nuevo mundo.

El capitalismo alien es ante todo la extrañeza de este mundo. Pero es esa misma extrañeza nacida de una crisis radical del confort donde el hombre occidental creía aún saber cuál era su lugar en el mundo, y su relación con los otros seres vivos. Entidades múltiples aparecen y actúan, que hasta entonces el humanismo abstracto había aprendido a mantener fuera de su campo de visión. Aparecen también sistemas de coordenadas. Y el ciel por fin se ha abierto ampliamente, negro oceano de infinitud llenándose de mundos, hasta el infinito.